48 heures autour de Roscoff

Bretagne/2023

C’est un ergot, une pointe qui se hérisse sur la côte bretonne du Finistère Nord. De la cité balnéaire de Roscoff à celle de Carantec, en passant par la charmante île de Batz et la légumière Saint-Pol-de-Léon, on découvre un bijou à la longue histoire.

Roscoff – dont la population passe de 3 500 habitants en hiver à 20 000 en été – profite d’une situation et d’un climat préservés, grâce au Gulf Stream qui vient adoucir ses côtes. Certains disent que ce grand courant marin s’arrête à l’île de Batz, juste en face, d’autres racontent qu’il pousse jusqu’à en faire bénéficier la cité et ses environs. Mais tout le monde s’accorde sur la douceur du climat, la richesse de la végétation et les bienfaits de ses cures, la petite cité de caractère étant une station thermale renommée (c’est ici qu’est né le premier centre de thalassothérapie, en 1899). Roscoff est aussi un port de plaisance, de pêche et de commerce. Depuis la gare maritime, les bateaux de la Brittany Ferries appareillent pour Plymouth, en Angleterre, et Cork, en Irlande. Une activité qui a subi coup sur coup les conséquences du Brexit et celles de l’épidémie de Covid-19. Produits phares de la cité, les oignons de Roscoff sont réputés depuis deux siècles. Depuis qu’un fermier roscovite traversa la Manche vers 1830 pour aller proposer sa production aux Anglais. Le succès grandit et au début du XXe siècle, les «Johnnies» – comme les surnomment les Britanniques – sont de plus en plus nombreux à passer le Channel avec leur vélo pour sillonner les routes anglaises, de village en village, munis de leurs tresses d’oignons. On comptera plus de 1 000 colporteurs en 1930. Aujourd’hui, si le métier a disparu, l’oignon rose de Roscoff est bien resté, et est connu de chaque côté de la Manche où il bénéficie d’une AOC depuis 2009 et d’une AOP depuis 2013. Et on peut compter sur la Maison des Johnnies et de l’Oignon de Roscoff pour en faire revivre l’histoire. En face, on aperçoit l’île de Batz (on ne prononce pas le «tz»). On y accède par la navette, qui part du port à marée haute, ou au bout du ponton à marée basse, que les promeneurs empruntent à toute heure pour avoir le plaisir de marcher sur l’eau. Certains anciens se souviennent même avoir atteint Batz à pied, avec de l’eau jusqu’à la taille, lors d’un épisode particulier de marée basse. Le microclimat qui y règne grâce au Gulf Stream laisse voir une végétation incroyablement riche, notamment dans l’extraordinaire jardin Georges Delaselle, qui réunit des plantes de tous les continents avec de nombreuses variétés subtropicales. Il est aujourd’hui propriété du Conservatoire du littoral qui en assure l’entretien et la pérennité, permettant au visiteur une exploration étonnante à travers la Palmeraie, le Jardin océanien ou les Terres australes. L’île vit du tourisme, mais également de la culture des primeurs – notamment la fameuse pomme de terre de l’île de Batz –, qui bénéficient d’une terre légère et sableuse. À quelques kilomètres de Roscoff, Saint-Pol-de-Léon est une jolie ville regroupée autour de sa cathédrale, bel exemple d’architecture gothique sous influence normande, avec sa belle rosace du transept, ses sculptures taillées dans le granit aussi fines que de la dentelle et la richesse de son mobilier. La capitale de la Ceinture dorée est également la première zone maraîchère de France, exportant des milliers de tonnes de légumes dans toute l’Europe et produisant notamment des artichauts, choux-fleurs, oignons et pommes de terre. De l’autre côté de l’embouchure de la Penzé, Carantec est aussi prisée, jolie station balnéaire avec sa belle plage, ses sentiers d’excursion, son petit centre charmant et animé et ses curiosités. On peut ainsi se hisser jusqu’à la Chaise du Curé, point de vue qui offre un magnifique panorama sur la baie de Morlaix, puis partir découvrir le château du Taureau, situé sur une île posée dans la baie. Roscoff, Saint-Pol, Carantec… Ce sont aussi trois destinations gourmandes : chacune possède une belle table Gault&Millau à 3 toques ! M. E.