De César à James Bond : les mille vies du Ritz Paris
Chaque mois, le Gault&Millau vous plonge dans l’histoire d’un grand palace parisien. En avril, laissez-vous immerger dans le récit de l’un des plus luxueux hôtels parisiens : le Ritz Paris.
Au cinéma, au théâtre, dans les paroles de chansons… le Ritz Paris est partout et depuis toujours. Arnaud Leblin, directeur des affaires institutionnelles et du patrimoine du palace parisien de la place Vendôme le constate : « On pense que le Ritz Paris est l’hôtel le plus cité dans la littérature occidentale. Nous n’avons toujours pas terminé de répertorier l’ensemble des citations, mais nous sommes déjà à 150 romans et pièces de théâtre qui se déroulent au Ritz ou s’inspirent directement du Ritz. » Ainsi, l’hôtel est apparu dans Le Diable s’habille en Prada, dans l’un des opus de James Bond, dans la série Emily in Paris, mais aussi en littérature : « Dans le roman Pétronille d’Amélie Nothomb, par exemple, il y a un passage dans lequel son héroïne boit le champagne du Ritz. », sourit le directeur. « Et dans un tome de la BD X-Men, en 1985, un des personnages dort au Ritz Paris. »
En anglais, le terme « ritz » est synonyme de chic. Il fait son apparition dans les années 1920 avec des musiciens qui le reprennent dans leurs chansons, comme « Puttin'on the Ritz » interprété par Fred Astaire et Ella Fitzgerald mais aussi Taco, en 1982, et plus récemment le rappeur Eminem avec son titre « Ritz ». Pour comprendre la présence de l’hôtel, devenu incontournable, dans tous les aspects de la culture, il faut se pencher sur son histoire.
César Ritz, visionnaire d'une époque
Le Ritz Paris est le fruit d’une collaboration entre César Ritz, son épouse Marie-Louise et de nombreuses personnalités. Ancien serveur, maître d’hôtel puis directeur d’hôtel, César Ritz décide d’ouvrir son propre établissement en 1898. Il trouve les fonds auprès de clients ayant apprécié son service par le passé, et achète l’hôtel particulier au 15 place Vendôme. Très vite, il comprend que pour rencontrer le succès, il doit « faire du buzz en faisant parler de l’hôtel », raconte Arnaud Leblin. Dès l’ouverture, il décide de convier des personnalités influentes, « à l’image des célébrités invitées de nos jours. » Il identifie des artistes phares du moment et pour les attirer, parcourt les expositions universelles à la recherche des dernières technologies. Il reprend notamment les découvertes électriques de Thomas Edison et décide d’en équiper son établissement. Le Ritz Paris devient alors le premier hôtel à posséder des lampes de chevet, de l’eau courante à tous les étages, une salle de bain privative dans chaque chambre et un ascenseur. « Il voulait créer l’événement et c’est une réussite : les gens sont curieux ! », relate Arnaud Leblin.
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Des écrivains inspirés par l’ambiance
L’écrivain français Marcel Proust est présent à l’inauguration. Il apprécie le lieu pour le prestige, la liberté et l’inspiration. « Il s’asseyait souvent dans le coin de l’actuel "salon Proust". Il observait les gens passer, écoutait les discussions puis rentrait chez lui écrire », précise Arnaud Leblin. En 1913, à un journaliste qui demande à Marcel Proust pourquoi il se rend dans l’établissement, il répond : « le Ritz, c’est Paris, Paris, c'est le Ritz ». Aujourd’hui encore, l’écrivain reste intimement lié à l’établissement et ce n’est pas un hasard si le chef pâtissier, François Perret, propose des madeleines, des petits-beurre ou un riz au lait qui replongent les gourmands dans l’univers proustien.
D’autres personnalités de la littérature ont trouvé l’inspiration en séjournant au Ritz Paris à l’instar d’Ernest Hemingway ou, plus récemment, Mario Vargas Llosa, prix Nobel de Littérature 2010. En 1990, Barbara Cartland, « l’autrice la plus vendue au monde après Agatha Christie, écrit une histoire d’amour qu’elle titre Idylle au Ritz », précise Arnaud Leblin. En 2024, le roman de Philippe Colin, Le barman du Ritz paru aux éditions Albin Michel a été dans le top des ventes des livres. « L’auteur a fait beaucoup de recherches et on a travaillé avec lui. »
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Le confort au service des clients
En achetant cet hôtel particulier, Marie-Louise et César Ritz avaient envie de créer un lieu où la bourgeoisie se sente comme chez elle. C’est l’une des raisons qui explique que la réception soit discrètement positionnée sur le côté : « pour donner l’impression que le client entre dans une maison et non un hôtel. » Dès le départ, César et Marie-Louise Ritz ont visé la perfection. Avec la Maison Christofle notamment, ils ont imaginé une argenterie sur mesure et : « 126 ans après, le Ritz Paris travaille toujours avec cette grande Maison. » Des couverts prévus pour déguster certains mets sont toujours fabriqués comme « une pelle pour manger spécifiquement les asperges, une pour les artichauts, etc. » Dans les chambres, les clients peuvent éteindre et allumer l’ensemble des lumières à l’aide d’une simple clé, un bijou technologique.
Marie-Louise Ritz, la pionnière
On doit également à Marie-Louise d’avoir ajouté un crochet sur le côté des sièges afin de permettre aux femmes d’accrocher leur sac à main, d’avoir installé des coiffeuses dans les chambres et imaginé en 1913 une galerie marchande au sein même de l’hôtel, « la galerie des tentations ». Passer la porte du Ritz Paris, c’est comprendre que cet établissement est un condensé de styles et de décorations inspirés de différentes époques françaises, de Versailles au Palais de l’Élysée en passant par Fontainebleau même si Marie-Louise Ritz avait une préférence pour le style Louis XV. « C’est beaucoup d’opulence, du maximalisme, des motifs végétaux, du bleu et du noir avec de l’inspiration venant des rois et des reines de France », explique Arnaud Leblin.
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Plus de 125 ans après son ouverture, le Ritz Paris reste une référence dans le monde entier et continue de faire parler de lui. Si les écrivains sont peut-être moins nombreux et moins influents qu’au siècle dernier, celles et ceux qui portent le Ritz Paris aux nues sont aujourd’hui issus du monde de la mode comme la papesse américaine, Anna Wintour qui apparait souvent sur les réseaux sociaux entrant et sortant de l’hôtel mythique où de nombreux défilés ont été organisés au cours des dernières décennies. Des instants qui rappellent ce que le magazine Vogue US avait écrit il y a plus d’un siècle « pour comprendre ce qu’est la mode française, il faut s’assoir au Ritz Paris et observer les gens passer ».
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