48 heures à Megève

Auvergne-Rhône-Alpes/2025

Chaque pays de montagne en Europe possède un panel exhaustif de stations de sports d’hiver : les très chics, les familiales, les nouvelles et les anciennes. Megève, par ses traditions et sa longue histoire, coche la plupart des cases dans le haut de gamme de l’or blanc.

Pour éclaircir un point de linguistique, rappelons que Megève s’écrit sans accent sur le premier « e » et que le mot doit donc être prononcé comme Genève, même si les habitants sont les Mégevans et les Mégevannes… La réputation de la station comme haut lieu du tourisme de montagne a un peu plus d’un siècle, puisque c’est en 1921 que la famille de Rothschild s’installe au mont d’Arbois, créant le Palace des Neiges et attirant le gratin aristocratique européen, à commencer par le roi des Belges, Albert Ier, qui y séjourne dès l’année suivante.

Le ski alpin se développe, et avec lui la compétition et ses champions, dont Émile Allais, l’enfant du pays, qui a développé le ski partout en France et dans le monde, et y est mort centenaire. Triple champion du monde en 1937, et à jamais le détenteur de la toute première médaille des pulls rouges, il a aussi fortement contribué à la renommée de la station. Plus près de nous, la famille Duvillard a produit quelques grands noms, les deux frères Adrien et Henri, puis Adrien junior, fils d’Adrien. Henri Duvillard a épousé une championne pyrénéenne, Britt Laforgue, et créé avec elle une ligne de vêtements, une boutique portant leur nom étant toujours présente.

La mode alpine fait d’ailleurs partie de la vie mégevanne et de nombreuses enseignes de luxe sont présentes pour la belle clientèle en villégiature. Au centre du village, à côté de l’église, la grande maison AAllard resplendit du haut de sa tour, rappelant qu’Armand Allard créa dans les années 1930, pour Émile Allais, le pantalon fuseau idéal pour le ski.

Chaque station a ses atouts, Megève est unique. Depuis un siècle, elle s’est forgé cette identité de luxe montagnard authentique, par son architecture qui reste régionale sans déploiement de béton, par son atmosphère de village, par son hôtellerie au standing très élevé sans être tapageur. À Megève, peu de clinquant, on reste dans la discrétion du bon genre chic. Les traîneaux de chevaux promènent les touristes aux genoux couverts de peaux de bêtes sur les pavés de la grande rue piétonne Charles Feige.

Le domaine skiable s’étend sur trois massifs, 227 pistes et 400 kilomètres. Les sportifs sont donc largement gâtés, s’arrêtant au déjeuner sur les tables d’altitude, certaines pilotées à distance par les grands chefs locaux, Marc Veyrat et Emmanuel Renaut notamment. Megève est pourtant, par sa réputation, sa situation de moyenne montagne (de 1 000 à 2 400 mètres) et son accessibilité, l’une des rares grandes stations alpines fonctionnant toute l’année.

La tradition de bouche y est également vive, dans la restauration traditionnelle, la haute gastronomie ou les chalets de vacances. Entre les Aravis et le Beaufortain, la production fromagère a ses lettres de noblesse, avec le reblochon et la tomme, et les soirées raclette ou fondue (un peu l’emblème du village, servie ici depuis 1946) participent à l’animation en toute convivialité. Chaque année, vers la fin octobre, un grand événement en libre accès pour un très nombreux public, Toquicimes, réunit durant trois jours des chefs régionaux, mais aussi de la France entière, des producteurs et des artisans, avec des animations diverses, concours, démonstrations, dégustations et vente de produits savoyards.