48 heures le long du Serein

Bourgogne-Franche-Comté/2024

Chablis. Les œnophiles lèvent leurs verres, les gourmands tendent leur broche pour attraper l’andouillette qui tourne sur la rôtissoire. La simple évocation du nom de Chablis fait saliver dans toute la France. Et de Quimper à Menton, on ne peut guère rester indifférent lorsqu’une carte de restaurant affiche : « andouillette à la chablisienne ».

Il serait pourtant dommage de réduire la ville à cette simple idée appétissante. En toutes saisons, Chablis procure au visiteur maints plaisirs de tous les sens, à commencer par une architecture ancienne et préservée, avec ses maisons à pans de bois comme on en trouve chez les voisines, à Sens ou à Auxerre, à Troyes ou à Provins. Le marché bourguignon se tient le dimanche matin. Chablis est également réputée pour ses vins. Les quatre appellations – petit chablis, chablis, chablis premier cru et chablis grand cru – utilisent toutes le cépage chardonnay, qui s’épanouit particulièrement bien sur les coteaux viticoles autour de la ville. La spécificité et la réputation de ces blancs secs tiennent pour une bonne partie à la qualité du terroir, en particulier les sols qui se sont formés à l’ère mésozoïque, après que la mer s’est retirée. Près de 150 millions d’années plus tard, les vignerons d’aujourd’hui bénéficient de ces couches successives du jurassique, portlandien, bien calcaire, oxfordien et kimméridgien, cette dernière strate étant un millefeuille de couches calcaires et de marnes argileuses contenant des organismes marins fossilisés. Le sol garde ce passage maritime en mémoire, pour offrir aux vins de Chablis ces inimitables arômes à la fois minéraux et iodés. On visite depuis l’an passé la Cité des climats et vins de Bourgogne dans le cellier historique de Pontigny, rappelant l’importance historique de l’abbaye de Pontigny. La visite de celle-ci est d’ailleurs un très bon prétexte pour visiter la région par la très jolie vallée du Serein, qui gazouille d’une commune à l’autre, et chaque passage de la rivière par ses petits ponts anciens est un ravissement. De Pontigny, en restant « Serein », vous gagnerez Ligny-le-Châtel, puis Chablis, avant d’aller batifoler dans ce bijou médiéval qu’est Noyers, et de terminer cette courte promenade par L’Isle-sur-Serein, où la campagne est si jolie. Noyers-sur-Serein, que l’on appelle couramment Noyers, offre des vestiges datant de l’Antiquité, mais son attrait principal réside dans sa partie XV-XVIe très préservée, témoignant de l’importance de la ville jusqu’à la fin du XVIe siècle – seul le château, détruit par Henri IV, n’a pas survécu. L’architecture joue avec les méandres de la rivière dans un entrelacs charmant, qui a attiré de nombreux tournages de films et de séries – La Grande Vadrouille, Molière et, pour la télévision, Le Chevalier de Pardaillan et Une famille formidable. Le village fait partie de l’association des plus beaux villages de France.