3 jours dans les jardins du Val de Loire
Centre-Val de Loire - Pays de la Loire/2023
Une balade en Touraine, permet de prendre la mesure de sa richesse en matière de jardins. Du Moyen Âge à nos jours, on y a cultivé les savoir-faire et transformé la nécessité de se nourrir en un art voué au plaisir des yeux autant que de la table.
© Freesurf
Pourquoi là plus qu’ailleurs ? La « faute » à la conjonction de plusieurs éléments : un climat tempéré, un sol fertile nourri par les alluvions du Cher et de la Loire, et ce même fleuve, voie navigable apportant des richesses venues d’ailleurs. Des raisons historiques aussi, puisque les bords de Loire ont été au cœur de la Guerre de Cent Ans opposant Anglais et Français. Les forteresses médiévales ont peu à peu été remplacées par d’élégants châteaux de style Renaissance. À chaque roi le sien, de Charles VII à Louis XIV, suivis par une cohorte de nobles et de notables qui eux aussi ont voulu le leur.
Le potager des moines et de Ronsard
La balade débute au Prieuré de Saint-Cosme connu pour être la dernière demeure de Ronsard. De son passage reste sa maison, son tombeau, des roses… Du monastère et de l’église du Moyen Âge, ne subsistent que le réfectoire des moines et une partie des murs. C’est l’aménagement paysager, entièrement refait en 2015, qui permet de comprendre les usages du lieu. Les potagers du Prieuré sont des outils de médiation éloquents pour comprendre la vie des moines. Y sont cultivées les plantes vivrières ou médicinales qui leur étaient indispensables : chicorée sauvages, oignon rocambole, cardon, artichaut, larmes de Job (pour fabriquer les chapelets)… « L’organisation du jardin et de la palette végétale ont été recréés à partir du résultat des fouilles et des écrits anciens » précise Vincent Guidault, responsable du Prieuré Saint-Cosme, « le Capitulaire De Villis, dans lequel Charlemagne préconise la culture d'une centaine d’espèces végétales, puis plus tard les premiers traités de cuisine et bien sûr la poésie de Pierre de Ronsard, dans laquelle nous avons identifié 350 plantes qui ne sont pas simplement citées mais dont il connaissait les usages ».
Le potager Renaissance
S’il est un lieu qui incarne l’art du jardin de la Renaissance, c’est bien Villandry. C’est avant tout pour eux que des milliers de visiteurs convergent vers ce château. Avant de retrouver leur aspect originel, ses jardins avaient été transformés au XIXe siècle en parc à l’anglaise. C’est Joachim Carvallo, qui après en avoir fait l’acquisition en 1908 décide de retrouver leur authenticité. Le potager en est la pièce maîtresse, avant tout décoratif, constitué de 9 carrés composés de différents motifs. Dirigée par Anthony Coué, l’équipe de jardiniers plante au cordeau, des variétés choisies avant tout pour leurs qualités esthétiques « Nous jouons sur les critères de forme et de couleur » précise le chef jardinier, « pour que depuis la tour, le château ou des différentes terrasses, les formes géométriques soient mises en valeur. Nous jouons par exemple avec trois couleurs d’aubergines, la blanche, la violette et la striée et d’une année à l’autre nous changeons les couleurs des carrés ». Des légumes qui resteront en majorité dans le potager. Si certains sont cueillis, c’est avant tout pour alléger et embellir les carrés, ils sont mis à disposition des employés et des visiteurs qui ont la chance de venir les jours de récolte. Pour les autres, l'occasion de goûter aux légumes de Villandry sont les Journées du Potager qui ont lieu fin septembre, l’occasion de rencontrer les jardiner et de repartir avec le fruit de leur travail.
Le potager conservatoire et collection
Rivau, Valmer, La Bourdaisière…des châteaux qui ont aussi un ou plusieurs potagers à visiter mais qui se sont donné une autre mission, celle de collectionner des espèces rares ou le plus possible de variétés d’une même espèce. Au Château du Rivau, on cultive une collection de 43 variétés de cucurbitacées. Alix de Saint-Venant, botaniste chevronné et propriétaire du Château de Valmer, a depuis l’an 2000, constitué un potager conservatoire de fruits et légumes anciens et de cépages du Val de Loire. À la Bourdaisière, c’est la tomate qui est à l’honneur, passion de son propriétaire, Louis Albert de Broglie. Le potager, un espace clos de murs construit en 1840, protégé des animaux, s’avère être l’endroit idéal pour cultiver des tomates, même cela semble incongru dans la région. En 1998, il devient officiellement Conservatoire national de la tomate. « Il y avait à l'époque 400 variétés dans la collection » indique Nicolas Toutain, chef jardinier de La Bourdaisière « On en compte aujourd'hui 700. Mais il s’en cultive des milliers de variétés dans le monde. Même celles qui ont un intérêt gustatif limité y ont leur place. Parce qu’elles ont une valeur génétique, historique ou visuelle. Aujourd'hui, alors que la collection est très bien pourvue, on s'oriente plutôt sur des couleurs ou des formes originales ». Des tomates dont les meilleures sont à déguster, de juillet à septembre, dans le restaurant du château ou dans son bar à tomates. En se souvenant qu’à son arrivée en Europe au XVIIe siècle, elle n’était qu’une plante ornementale jugée toxique.
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