48 heures à Rueil-Malmaison
Paris - Île-de-France/2024
Près de Paris, Rueil-Malmaison a le goût de la campagne et des bois. La ville invite aux balades en bord de Seine et dans sa forêt domaniale de 180 hectares. Elle encourage aussi à chausser les bottes de Napoléon pour remonter le temps et regarder vers le futur. Avis aux férus d’histoire !
© Tripelon Jarry
Un ticket de RER comme une clé des champs… À seulement 8 kilomètres de la capitale, Rueil-Malmaison offre déjà la douceur des villes de province. Ici, le temps semble s’étirer et s’arrondir autour des boucles de la Seine. Au bord des flots, des scènes de tableaux viennent se glisser devant les yeux. D’infimes détails, si ce n’est quelque chose dans l’air, rappellent les coups de pinceau de Renoir, Manet et Monet. Depuis leur époque, le canotage s’est fait plus rare, remplacé par d’autres sports. Ainsi du golf de 9 trous ou des 9 terrains de tennis, 6 terrains de boules et de la piste de course du parc des Bords-de-Seine. Sans oublier, plus loin, les piscines et les stades. Quel équipement sportif !
Sur les berges, toujours, des maisonnettes regardent le courant des eaux, enveloppées d’une folle poésie. Voilà Le Fruit Défendu, qui eut plusieurs vies, dont l’une remplie de plaisirs comme le chantait Jo Privat à l’accordéon : « Au Relais du Fruit Défendu sur les bords de la Seine, l’amour fait partie du menu, tout comme le vin d’Suresnes… (…) Au Relais du Fruit Défendu, on perd la tête et ça perdure. »
Pour preuve, les murs un peu branlants, dont les plus anciens auraient 300 ans, ont enflammé le cœur d’Antoine Courtois. « J’étais venu jouer au tennis et je suis tombé amoureux des lieux il y a près de dix ans », explique le fondateur du groupe Ateliers de France, spécialisé dans les travaux de bâtiments historiques ou de demeures privées. Il achète le club de tennis et, petit à petit, rénove, transforme et agrandit. Aujourd’hui, outre les terrains, intérieur et extérieur, en terre battue et en quick, Le Fruit Défendu déroule un salon de thé, deux restaurants et quelques chambres d’hôtel. L’été, des transats paressent sur la pelouse et une tente accueille, au bord de l’eau, petites et grandes tablées. Les faux pas notés ici et là sont balayés par la décoration extravagante. « C’est sans doute le seul club-house à avoir de la peinture à la feuille d’or », s’amuse le propriétaire. Le seul à décliner un plafond rayé en forme de tente. Certains y verront un clin d’œil à Bonaparte. Son fantôme plane sur la ville et au Musée national du château de Malmaison, à quelques longues enjambées de là.
Ce manoir à l’esprit « maison de campagne » devient de 1800 à 1802 le siège du gouvernement – avec les Tuileries, à Paris. Il tient d’une certaine coquetterie. Joséphine de Beauharnais s’entoure d’une véritable ménagerie, dont un cacatoès qui crierait à tue-tête « Monsieur Bonaparte ». De nombreuses fêtes sont organisées. Une femelle orang-outan distrait un temps les invités : « Elle mangeait à table et se servait fort adroitement du couteau et de la fourchette, surtout pour découper des navets, mets dont elle était folle. Quand elle avait dîné, une de ses grandes joies était de se couvrir le visage avec sa serviette, puis de l’ôter en faisant mille grimaces risibles », relate Mademoiselle d’Avrillion, première femme de chambre de Joséphine dans son journal. Il faut imaginer ces scènes en déambulant d’une pièce à l’autre, du bureau de Bonaparte à sa bibliothèque jusqu’aux deux chambres de l’impératrice.
Après son divorce, Joséphine garde Malmaison, où elle s’éteint en 1814. Son fils Eugène hérite du domaine de 726 hectares. Morcelé au fil du temps, il ne compte aujourd’hui plus que 6 hectares de parc, qui n’en est pas moins enchanteur. Le château de la Petite Malmaison, où poussaient jadis les plantes tropicales rares, n’en fait plus partie depuis longtemps. Son propriétaire ouvre ses portes à la visite et, parfois, à des concerts le dimanche. L’autre partie du musée, le château de Bois‑Préau, accueille depuis 2022 des expositions autour de l’empereur et de sa famille. Il est à une rue de l’Église Saint-Pierre Saint-Paul, où reposent l’impératrice et sa fille, Hortense.
La place de l’Église est l’un des cœurs de Rueil-Malmaison, où cafés et restaurants côtoient les commerces de bouche. « C’est une drôle de ville, avance Kevin Lebreton, de la Librairie Les Extraits. Ce n’est pas Versailles ni Issy-Les-Moulineaux. On est près de Paris, mais en même temps loin, car la ville est très étendue. Certains ne viennent jamais dans le centre de Rueil-Malmaison. La ville changera sans doute d’ici à 2029-2030. » La ligne 15 du métro devrait enfin arriver, pour le plus grand bonheur de ses 78 000 habitants et des 70 sièges sociaux de grandes entreprises (dont Schneider Electric, Unilever, Danone…). L’histoire continue de s’écrire. Elle est désormais bien loin du temps où Rueil comptait 10 000 habitants, blanchissait le linge sale de Paris et même celui de l’Élysée. C’était au début du XXe siècle.
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