48 heures autour de Fontainebleau
Paris - Île-de-France/2023
À Fontainebleau et dans la forêt qui l’entoure, les siècles s’empilent comme des strates géologiques. À chaque époque, son activité de loisirs : régner, bâtir ou défaire des empires, peindre, escalader les rochers, manger du fromage…
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Les grimpeurs qui attendent fébrilement le week-end pour aller gravir les falaises de la forêt de Fontainebleau ont en général peu l’occasion de se consacrer à son histoire. Ils n’ont pas le temps de passer devant le château, pas même le temps de cueillir des champignons. Ces Bleausards passionnés cherchent les spots remarquables, ceux qui figurent parmi les plus réputés de France. Ils vont se frotter à la Marie-Rose, sur le site de Bas-Cuvier, ou à The Island, à Coquibus-Rumont. Leur jargon échappe au profane, et leur communauté échange sur des sites spécialisés, comme Climbingaway ou Fanatic-climbing, tandis que Bleau.info fournit l’essentiel des parcours.
L’histoire de cette forêt est pourtant mémorable. Au Moyen Âge, on y chassait à courre et l’on y entendait plus souvent les meutes de braques ou d’épagneuls que les 4x4. Si les origines du château sont médiévales, c’est François Ier, monarque éclairé, qui le transforme avec grâce en un somptueux palais à l’italienne. Louis XIII y est né, sous l’œil bienveillant de son papa Henri IV, et Marie-Antoinette y fit aménager son fameux boudoir turc. Napoléon en fait sa résidence impériale, qu’il nomme affectueusement la « maison des siècles ». C’est aussi là qu’il abdique, en avril 1814, réunissant sa vieille garde pour des adieux avant son exil sur l’île d’Elbe.
On commence à y peindre dès le XVIe siècle. L’École de Fontainebleau traverse deux périodes : sous François Ier – avec Rosso Fiorentino, Le Primatice, Noël Jallier et Jean Goujon –, puis, au XVIIe siècle, dans un courant qualifié plus tard de maniériste. Ce mouvement embellit le château de Fontainebleau, mais aussi les élégantes villas alentour.
Allant presque à l’encontre du maniérisme, un autre courant se développe au tout début du XIXe siècle. Les peintres parisiens, Corot en tête, ont alors soif de spontanéité et de scènes champêtres. Proche de la capitale, la forêt de Fontainebleau et ses charmants villages, Barbizon, Bourron-Marlotte, Montigny-sur-Loing, offrent des paysages de rêve pour exprimer ce renouveau naturaliste. Après Corot, d’autres artistes logeront à Barbizon : Millet, Daubigny, Théodore Rousseau – qui y fit venir son amie George Sand – et, un peu plus tard, Courbet.
Un séjour bellifontain s’imprègne de toutes ces époques. Malgré son imposant château, Fontainebleau vit avec son temps, à l’heure des terrasses et des pizzerias, et vante sa spécialité, le fontainebleau, mélange de fromage frais de vache et de crème fouettée. Barbizon conserve, dans sa rue centrale, son allure précieuse de village des peintres, avec de nombreuses évocations et de charmantes mosaïques restituant des toiles exécutées dans les environs. Bourron-Marlotte se souvient du passage de Monet et de Cézanne, mais aussi d’Émile Zola, qui y écrit L’Assommoir.
Il faut poursuivre la balade jusqu’à Moret-sur-Loing pour découvrir une superbe cité médiévale, avec ses portes, sa belle église gothique, ses façades Renaissance et ses maisons anciennes à colombages. Sisley s’y installa en 1882, y travailla et y demeura jusqu’à sa mort en 1899. Un parcours guidé lui est dédié.
M. E.
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