48 heures À Caen
Normandie/2024
Dans le Calvados, la ville de Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandre a des airs de campagne à la mer. Entre l’Orne et la Manche, Caen offre une jolie échappée à travers son centre aux ruelles médiévales, son patrimoine Renaissance et ses bâtiments de l’après-guerre. L’âme résolument étudiante, elle s’apprête à fêter son millénaire en 2025.
© Dmitry Tonkopi
« Caen en quelques mots ? C’est la pierre claire et la transparence de la lumière. C’est aussi les espaces verts, très nombreux, et le dynamisme culturel. Caen compte des musées, deux théâtres, deux cinémas d’art, un Frac [Fonds régional d’art contemporain, NDLR], une artothèque… Ce n’est pas rien pour une ville de taille moyenne », répond d’une voix douce Emmanuelle Delapierre, directrice du musée des beaux-arts de Caen. Sans oublier Les Écuries, un nouveau lieu culturel multidisciplinaire. Pour le millénaire de Caen en 2025, le musée prépare une grande exposition « qui permettra de voir et revoir mille ans d’histoire et invitera à regarder l’horizon, le plus loin possible », explique sa directrice. En attendant, les yeux s’enivrent des expositions temporaires et des collections de haut vol du musée. Lequel est bien gardé derrière l’une des plus vastes enceintes médiévales d’Europe, dans le château de Caen. Édifié sur un promontoire vers 1060 par Guillaume le Conquérant, ce château ducal, en cours de réaménagement paysager, accueillit les ducs de Normandie, rois d’Angleterre. L’Histoire ! Elle est riche ici, gaie et triste, comme les paroles du rappeur Orelsan, qui a dédié une chanson à sa ville.
Dans le centre aux ruelles vivantes, les cicatrices de la Seconde Guerre mondiale se sont refermées. Mais quelque chose d’imperceptible est resté dans l’air. Les esprits n’ont rien oublié. Le 6 juin 1944, Caen est détruite à près de 50% par les Alliés en vue d’anéantir les Nazis. La ville se reconstruit alors petit à petit, de belle façon grâce à la pierre blonde de Caen qui harmonise l’ensemble – c’est la même qui habille l’abbaye de Westminster et la cathédrale Saint-Paul à Londres. Ainsi de l’université, dessinée dès 1948 par l’architecte Henry Bernard (à qui l’on doit la Maison de la radio à Paris et le Palais de l’Europe à Strasbourg). Elle est, en partie, classée aux monuments historiques.
L’université accueille aujourd’hui près de 34 000 étudiants. Fondée au XVIe siècle, elle continue de façonner la ville, qui regorgeait autrefois d’imprimeurs. Il reste près de 17 maisons d’édition et autant de librairies indépendantes généralistes, jeunesse, BD, bien-être… Hélas, pas une n’est dédiée à la gastronomie ! Il faut donc se consoler à la librairie Memoranda, couverte de livres anciens et d’occasion, du sol au plafond. À l’étage, un café sympathique se cache au bout d’un petit escalier raide, qu’il ne faut surtout pas prendre « pour un toboggan, cramponnez-vous », lit-on sur un écriteau. On y déguste une tisane « remède elfique », accompagnée d’un scone ou d’un gâteau au chocolat fait maison, devant vous. Libre alors de feuilleter un livre de recettes sur les tripes de Caen. Depuis quarante ans, les Caennais viennent explorer les rayonnages et papoter entre eux – voire draguer ou nouer connaissance. Là, un autre temps, doux et lent, s’installe et donne envie de tourner dans les autres lieux de lecture. Telle la Nouvelle Librairie Guillaume à la devanture en bois de 1903 ou la bibliothèque Alexis de Tocqueville, à la façade en bulles géantes, signée par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas et son studio OMA.
Le nez dans les livres, on en oublierait presque le reste ! L’étonnante abbaye aux Hommes fondée par Guillaume le Conquérant en impose alors que, plus loin, l’abbaye aux Dames semble plus humble. Ce jour-là, son église de la Trinité est ouverte tard le soir. Il n’y a personne, sauf un silence étouffé. Là encore flotte ce « je-ne-sais-quoi » de singulier, bien
au-delà du sacré. Caen a décidément une dimension spéciale. « C’est aussi une ville qui respire entre sa prairie, son hippodrome et sa Vallée des jardins », note la styliste en art de vivre Laurence du Tilly, auteur de nombreux livres de cuisine. Ses trois appartements d’hôte – Chez Laurence du Tilly – occupent un hôtel particulier à deux pas de la place Saint-Sauveur, où se tient le marché le vendredi. Oui, Caen respire. On hume ici et là quelques essences de rose, on aperçoit par-delà les hauts murs des arbres centenaires dans les belles demeures. Et puis, il y a le jardin botanique et les « cimetières dormants ». « À Caen, on est à la fois en ville, à la campagne et à la mer », résume la designer. La Manche est à 10 kilomètres avec ses longues plages. Plus près, l’Orne propose ses eaux calmes pour des balades en kayak et en bateau électrique sans permis depuis la base nautique Au fil de l’Orne (d’avril à octobre). La nature emplit la ville. Preuve en est : des pontes de coccinelles sont distribuées aux jardiniers écoresponsables pour lutter contre les pucerons. Tout un symbole, celui de la chance.
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