48 heures le long de la route Napoléon
Provence-Alpes-Côte d'Azur - Corse - Monaco/2023
Prenons un peu de hauteur ! Adoptons une stature impériale en parcourant une frange de l’Histoire de France dont Victor Hugo a dit « Rien dans l’Histoire n’a ressemblé à ce quart d’heure ».
Le 1er mars 1815, Napoléon s’étant évadé de l’île d’Elbe, aborde la côte à Golfe Juan. Son objectif est de rallier Paris de la façon la plus clandestine et la moins risquée possible. Il trace lui-même le parcours, empruntant des routes qui n’existent pas encore, passant par les chemins muletiers, pour aller de Grasse à Digne, puis Sisteron, Gap, Grenoble… Il envoie ses généraux en éclaireurs pour s’assurer que les populations des villes traversées lui sont acquises. Le 3 mars, il arrive à Barrême deux heures après Cambronne, où il passe la nuit. Le 4 mars, il est à Château-Arnoux, le 5 au matin à Sisteron où il ne reste que quelques heures avant de repartir vers Gap. On connaît la suite : ce périple va se transformer au fil des étapes en marche triomphale vers Paris.
Nous avons choisi un extrait qui allie tourisme, histoire et découvertes gastronomique dans un cadre naturel somptueux. Grasse, Castellane, Barrême, Digne, Château-Arnoux avant de gagner Sisteron, une centaine de kilomètres de cette glorieuse avancée en Provence pour ce « retour de l’île d’Elbe » tant raconté, loué, peint et repeint.
La N 85, appelée couramment Route Napoléon, aux nombreuses plaques commémoratives, a été officiellement tracée dans son parcours actuel de Lyon à Antibes en 1824. À moins d’enfiler une redingote et un bicorne en plaçant une main sur son cœur, il sera assez difficile de se mettre dans la peau du personnage. Les routes sont larges, les villages ont beaucoup évolué dans leur architecture, et le tourisme s’est développé.
Si vous accomplissez le périple en entier, partant de Golfe Juan ou Grasse, vous ne découvrirez les beautés d’un paysage sauvage qu’à partir du premier col, celui de la Faye, à près de 1000 m. La montagne commence là, les collines désertiques, le vent, la rudesse du décor ; les cyclistes apprécieront, et ne sont pas au bout de leurs peines. Un peu plus loin le col de Luens à 1054 m relie la vallée de l’Artuby à celle du Verdon. Une dizaine de kilomètres plus bas, vous êtes à Castellane.
Castellane est une jolie cité et point de départ de maintes randonnées vers les lacs et gorges du Verdon, on prend des forces au Fournil du Verdon et l’on profite du marché le mercredi et le samedi.
Entre Castellane et Barrême, comme tous les randonneurs et cyclistes (le Tour de France y est passé deux fois dans les 10 dernières éditions), vous marquerez l’arrêt au Col des Lèques à 1147 et son célèbre Bistrot du Col, quasi inabordable en saison. À Barrême, vous saluerez Napoléon sur la place du village, dessiné en silhouette et portant la description de son itinéraire et, en saison, vous visiterez le Musée de la Distillerie consacré à la lavande, qui fut longtemps le trésor bleu de la région. Vous suivrez alors le cours de l’Asse presque jusqu’à Digne, préfecture des Alpes de Haute-Provence et station thermale.
Deux étapes impériales plus loin, par Malijai et Volonne, vous êtes à Château-Arnoux, joli village provençal connu pour sa belle hostellerie de La Bonne Étape. Vous suivrez ensuite la Durance jusqu’à Sisteron, capitale de l’agneau, et sa belle citadelle. Station très animée en été (on vient du Luberon ou de la vallée du Jabron). Sisteron est sans doute l’étape la plus intéressante et la plus authentique de cette fameuse route Napoléon.
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