3 jours en Drôme provençale

Auvergne-Rhône-Alpes/2023

Certains jours d’été, la chaleur est une couleur. Le soleil s’écrase sur la pierre ocre et rebondit dans l’air intense d’un ciel lavande. La Drôme provençale n’est pas tout à fait la Provence, mais elle annonce déjà les sinueuses Baronnies et le touffu Luberon. Entre Rhône et collines, les villages sont des puits d’inspiration pour les peintres et les poètes, surveillés au loin par l’ombre sourde du mont Ventoux.

Saint-Paul-Trois-Châteaux est un bijou médiéval à arpenter à pied, à la découverte des belles pierres anciennes, de la place de l’Esplan à la place du Marché. C’est ici que se regroupe l’animation, intense en été et plus calme hors saison. À voir aussi, la cathédrale, le quartier canonial, les hôtels particuliers et le musée archéologique. Pour la bonne bouche, on passera bien sûr par la Maison de la truffe et du Tricastin, la Drôme étant le premier département producteur du diamant noir, avec une AOC locale, la truffe noire du Tricastin. La suite de notre parcours ravira les amateurs de vigne. Direction Suze-la-Rousse, à 15 minutes au sud, et sa célèbre université du vin, unique en son genre. Le château médiéval, qui domine le village, lui offre un écrin de prestige. Fondé en 1978, l’établissement propose de nombreuses formations tout au long de l’année, courtes ou longues, dans tous les domaines œnologiques, et délivre diplômes universitaires et professionnels. L’occasion de découvrir le grignan-les-adhémar, qui remplace depuis 2010 le coteaux-du-tricastin. Au goût de certains vignerons, l’ancienne appellation évoquait trop la centrale à proximité… Sur la route menant à Grignan, vous pourrez faire un détour par Chamaret et sa tour médiévale, un donjon élancé datant du XIIe siècle et dominant la région, lieu de visite et d’expositions en saison. Un peu plus loin, à la ferme d’élevage La Chevrette du Cabanon, vous pourrez faire le plein de fromages fermiers au lait cru, disponibles de mi-mars jusqu’à décembre, produits sur place par Rachel et Angelo. Conjonction des astres, alignement des planètes ou passé culturel, on ne sait, mais, en termes d’attractivité pour les citadins plus bourgeois que bohèmes, Grignan écrase la concurrence. Avec ses ateliers d’artistes et d’artisans, ses galeries, ses maisons d’hôtes, ses adresses préférées de la presse parisienne, on est en terrain connu. Les fervents de Gordes et de Lourmarin gênés par un Luberon un peu trop fréquenté trouveront là un repaire idéal. Grignan, c’est chic, encore assez modeste, et pas encore étouffant. Grignan, c’est aussi Madame de Sévigné, ou encore Philippe Jaccottet, qui y passa quarante ans de sa vie, jusqu’à son trépas il y a deux ans. La maison du poète est toute proche du château de Bussy-Rabutin, de style Renaissance, où Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, fit de longs séjours. Sa fille, destinataire de la plupart de ses fameuses lettres, avait épousé François Adhémar, seigneur de Grignan. Elle y mourut en 1696, à 70 ans. Puis cap sur Montélimar, une ancienne cité qui déploie le charme des villes provençales aux traditions bien établies. Avec son dédale de ruelles et son animation, le centre historique forme un cœur, encadré par les boulevards, le Roubion à l’est et le jardin public à l’ouest. On pourra y déambuler et faire quelques emplettes. Les halles sont assez modestes, mais on trouvera quelques bons commerces de bouche pour goûter les spécialités, dont l’incontournable nougat. On quitte Montélimar et ses confiseries pour rejoindre Dieulefit. Posée sur les bords du Jabron, épargnée par le tourisme contemporain, la petite ville a conservé sa vie à l’ancienne. Peu d’aménagements, ni même de commerces, et pourtant un charme suranné, sans afféteries, et une spécialité ancestrale, la poterie. À l’entrée de la rue principale, le grand et vénérable immeuble à l’inscription ancienne, « Grands Magasins Universels », datant de 1896, est un monument du commerce. Il suffit ensuite de se promener au hasard, d’emprunter les escaliers pentus qui s’échappent de la rue du Bourg pour être transporté dans une autre époque ou de redescendre sur la rivière pour retrouver un peu d’animation. Les amateurs de nature poursuivront ce périple dans les environs de Dieulefit, notamment autour de Vesc, avec les premiers champs de lavande et les collines. De Dieulefit à Vesc, puis de Vesc à Saoû, les promenades à vélo offrent de superbes panoramas dans les contreforts montagneux. À Saoû, petit village très prisé en été, vous pourrez profiter de l’animation du marché le samedi ou du marché de producteurs tous les mercredis en fin d’après-midi. Ne manquez pas non plus Le Poët-Laval, une forteresse templière. Presque inchangé depuis le Moyen Âge, le village émerge comme un fier bastion au-dessus de la verdure.