48 heures à Chamonix

Auvergne-Rhône-Alpes/2024

Megève, Saint-Moritz, Montgenèvre, Cortina d’Ampezzo, Chamonix-Mont-Blanc… le lieu de naissance des sports d’hiver demeure incertain. Ce qui est sûr, c’est que Chamonix a joué un rôle majeur dans la conquête de sommets encore vierges et dans la démocratisation du ski. Un passé de légende qui se mêle aujourd’hui à une vision plus contemporaine de l’art de vivre la montagne.

Chamonix communique avec les hauteurs alentour, dont le toit de l’Europe, le mont Blanc, à la pointe immaculée. Terrain de jeux d’alpinistes, puis de skieurs, depuis les années 1930, la ville savoyarde ne cesse de faire de l’œil aux visiteurs saisonniers, tandis que ses quelque 8 500 habitants ne se lassent pas de leur nid haut perché. Parmi les résidents à l’année figure une importante communauté britannique. La mer de Glace fut d’ailleurs découverte par deux Anglais, William Windham et Richard Pococke, en 1741. Mais ce cadre majestueux est aujourd’hui menacé. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre le célèbre train rouge qui relie Chamonix-Mont-Blanc au Montenvers, à 1 913 mètres d’altitude. Ici, le panorama sur la mer de Glace, certes époustouflant, nous ouvre les yeux sur une terrible réalité, le réchauffement climatique. À Chamonix, un grand nombre d’hôtels et auberges font le pont entre passé et présent, tels l’Auberge du Bois Prin, le refuge du Montenvers ou le Hameau Albert 1er. D’autres, comme La Prairie, préservent l’écrin de leur histoire. Rustique et bucolique, cet établissement fut bâti en 1905 par Henri Claret-Tournier, un pionnier de l’hôtellerie saisonnière et infatigable guide de haute montagne – 99 ascensions du mont Blanc ! Le tourisme connut une forte accélération après les Jeux olympiques d’hiver, que Chamonix accueillit il y a tout juste 100 ans, en 1924. En 1930, deux tronçons du téléphérique du Brévent voient le jour. Il faudra toutefois attendre 1955 pour que le plus spectaculaire, celui de l’aiguille du Midi, ouvre l’accès à la vallée Blanche. Sillonner monts et vallées, se fondre dans cette toile changeante, voilà le credo des Chamoniards. Ici, le ski est plus technique et plus sportif qu’ailleurs. Qui sait skier sur ces pistes sera à l’aise partout ! La grande force de Chamonix est de pouvoir vivre toute l’année et de permettre un commerce prospère de janvier à décembre. Un atout favorable à l’inspiration culinaire. Certains puisent dans la roche et imaginent des merveilles, quand d’autres cultivent cette terre fertile pour nourrir le corps et l’esprit. Les énergies de la Suisse et de l’Italie traversent les frontières et le mélange des cultures résonne, au point de s’inviter dans les fourneaux des chefs locaux qui, en amoureux inconditionnels du terroir, font perdurer cette cuisine de montagne. Ils n’hésitent pas à raviver de vieilles traditions transalpines, telles que les canederli (des boules de pain rassis). Quand bien même les flocons de neige viendraient à manquer, la gourmandise, si chère aux Savoyards, ne saurait se perdre, ni le fromage cesser de fondre ou disparaître des étalages et des cocottes en fonte. Reblochon, raclette, tomme de Savoie, ces noms sonnent juste et réchauffent. Pour accompagner, le vin blanc de Savoie et le génépi seront toujours les bienvenus à table et dans les moments de convivialité. Avec l’éveil des consciences, l’intérêt pour les métiers de bouche ne cesse de croître : boulangers, chocolatiers, fabricants de couteaux et chefs au « sang neuf » partagent avec fierté leur particularité et leur respect de la nature. Chamonix, son histoire gravée dans la pierre, ses sommets qui se confondent avec le ciel, ses forêts immortelles et sa faune rebelle conviennent aux épicuriens comme aux amateurs de poudreuse et de beaux paysages. Ils peuvent être jusqu’à 60 000 l’hiver, et 100 000 l’été. Quand viennent les beaux jours, n’être qu’à 1 035 mètres d’altitude est aussi un atout indéniable. C. E.