24 heures à Versailles
Paris - Île-de-France/2023
Oubliez le luxe pompeux du château et ses somptueux jardins ! Prenez le temps de flâner dans les quartiers de Notre-Dame et de Saint-Louis avec, dans les oreilles, des notes de la French Touch.
© Drive Productions
« Avec le 16e arrondissement de Paris, la ville de Versailles est l’un des endroits les moins connus des Français », assure un Versaillais, tout sourire. Un paradoxe puisque, depuis des siècles, le nom de Versailles rayonne dans le monde entier, par-delà les océans et les montagnes. Folie des grandeurs et de la démesure, le château du Roi-Soleil s’est imposé comme une vitrine du pouvoir et de l’art de vivre à la française. En 2022, près de 6,9 millions de visiteurs foulaient ses couloirs et ses jardins – contre 8,2 millions avant la crise sanitaire. Mais la plupart des touristes traversent la ville au pas de course ou en bus. À tort. La cité royale est bien plus qu’un simple passage vers le palais.
Les quartiers historiques de Notre-Dame et de Saint-Louis ont un côté joyeusement provincial. Il y flotte une douceur oubliée où le temps aime prendre son temps. L’architecture, rigoureuse et symétrique, impose sa majesté. Rien ne dépasse, rien n’est trop haut. Le ciel embrasse tout. On marche dans l’Histoire en respirant les vieilles pierres et les espaces verts. « Versailles sent le foin et les tilleuls, souligne Claire Marin, fondatrice de la librairie-café La Suite. Les nombreux parcs attirent les Parisiens, qui viennent de plus en plus s’installer ici. Ils contribuent d’ailleurs au changement de la ville. » Et dépoussièrent l’image caricaturale du Versaillais, traditionnel, voire un brin coincé. Entre les rayons de livres, la trentenaire organise des dîners littéraires avec des auteurs et des éditeurs. Un chapitre parmi d’autres dans la riche programmation culturelle de la cité. Citons, entre autres, le Mois Molière, un festival de théâtre, danse et cirque et, bien sûr, les spectacles empreints de magie de l’Académie Équestre, créée par Bartabas il y a vingt ans.
Reste le quartier des antiquaires, aux ruelles tortueuses, qui regroupe près d’une quarantaine de passionnés. Ludovic Pellat de Villedon a choisi de s’en éloigner. En 2021, il déménageait sa galerie éponyme dans l’Hôtel de Bouillon, un hôtel particulier. Redonnant un souffle à l’art de vivre des xviie et xviiie siècles, il présente un mobilier rare en ébène et acajou, des tableaux et des sculptures uniques d’époque. Il organise même des « défilés de meubles » et des dîners exclusifs. Les lieux, exceptionnels, feraient presque pâlir le musée Lambinet, musée d’art et d’histoire de Versailles, malgré la récente refonte du parcours des collections. Voilà pour le quartier Notre-Dame, qui grouille de bars, de restaurants et de grandes enseignes de mode.
Côté Saint-Louis, l’ambiance est plus réservée. On la dit aussi conservatrice. Petites échoppes ici et là, et une rue, Satory, qui concentre la majorité des plaisirs de bouche. Pourtant, ces deux quartiers sont presque des miroirs : tous deux ont un marché, un centre et un lieu de culte. L’église royale pour l’un, la cathédrale pour l’autre. À ses abords, sur la place, un doux
parfum échappé du parking remplace les odeurs d’encens. Versailles sent le propre et « fait » propre. Son récent skatepark est sans doute le seul, en France, à ne pas être tagué. Une frontière symbolique sépare les deux secteurs : l’avenue de Paris, de 93 mètres de large – les Champs-Élysées n’en font que 70 ! Un bonheur pour les cyclistes, comme le maire, François de Mazières, qui fait travailler ses mollets lors de tous ses déplacements.
De l’autre côté du miroir, donc, une clé des champs ouvre le potager du roi, classé monument historique. Créé dès 1678, il devait fournir la table de 100 à 200 convives. Ce grand jardin accueille aujourd’hui l’École nationale supérieure de paysage, mais se laisse volontiers visiter. On y déambule entre d’élégants fruits et légumes, avant d’y faire son marché le week-end. « C’est un patrimoine historique et vivant. On y cultive le passé et le présent dans les différentes variétés », souligne Antoine Jacobsohn, adjoint à la directrice de l’école et en charge du potager. On y fait aussi une belle cuisine en mêlant les cultures nourricières à d’autres, plus artistiques.
Au programme, festivals de jardin, concerts, spectacles… « Le potager a été créé selon une trame hippodamienne qui servit, plus tard, à la planification de la ville nouvelle d’alors, le quartier Saint-Louis. » De fait, à quelques pas des plants de tomates des voyageurs, des carrés forment un ensemble de baraques autour de places. Ils accueillaient à l’origine des commerces, avant d’être convertis en habitation. Ces logements, comme tous les autres ici, sont désormais très recherchés, à en juger par la centaine d’agences immobilières de la ville.
Ils le seront sans doute encore plus après les Jeux olympiques de 2024. Entre 15 000 et 40 000 visiteurs sont attendus chaque jour pour les épreuves de sports équestres et du pentathlon moderne. Versailles aura son nouveau coup de projecteur, après celui de la French Touch, phénomène musical mondial. Rappelez-vous les années 1990-2000 : Air, Phoenix, Super Discount, Nouvelle Vague ou Alex Gopher vous faisaient danser sur des notes aux sonorités électroniques. Le documentaire-fiction Why Versailles ? (2022) de Marc Collin tente de comprendre pourquoi. La réponse est peut-être simple : la beauté est toujours inspirante, même inconsciemment.
B.D.
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