48 heures à Blois

Depuis la rive gauche de la Loire, c’est l’une des plus belles vues que l’on peut avoir sur les hauteurs de Blois, son château, le pont Jacques-Gabriel, la cathédrale Saint-Louis ou les flèches de l’église Saint-Nicolas. À Blois-Vienne, que les Blésois connaissent aussi comme le quartier des mariniers, Christophe Hay s’est installé en 2022 en reprenant un ancien palais commandé par Gaston d’Orléans. L’adresse a redynamisé ce quai de Loire, plus tranquille que le centre-ville historique, en devenant le terrain de jeu du chef : un hôtel 5 étoiles équipé d’un spa, où les soins sont signés Sisley, de deux restaurants et d’un « kiosque à pâtisseries ». À cinq minutes en voiture, ou dix minutes à pied, Christophe Hay surveille son potager. « Je me considère “terroiriste”. Je souhaite valoriser le terroir mais aussi proposer des goûts et des sensations à mes convives », résume-t-il en présentant son hectare et demi de plantations en permaculture. En visite libre, uniquement pour les clients de Fleur de Loire, le potager permet de croiser d’anciennes variétés telles que le céleri violet de Tours ou la sucrine du Berry, réimplantés grâce à la collaboration du Conservatoire des semences anciennes régionales.

On retrouve ces produits dans toute leur splendeur au restaurant, posés dans les assiettes de la céramiste Valérie Radix, installée dans un atelier mitoyen de l’hôtel depuis septembre 2023. Dans sa boutique-atelier, elle présente ses créations mais aussi le travail de sept autres céramistes. Cette ex-professeure des écoles s’est reconvertie dans la poterie il y a neuf ans. Elle travaille la porcelaine, suivant les techniques du tournage et du coulage. « Cela a été un coup de foudre sensitif… sa blancheur me donne l’impression que tout est possible », dit-elle. Ses créations s’inspirent de la Loire, « de ses reflets qui changent au gré des saisons, de son univers marin mais aussi végétal », commente celle qui signe la vaisselle de Christophe Hay.

Passé le pont Jacques-Gabriel, rive droite, le château domine le centre historique, en format mouchoir de poche. Les mollets se renforcent en gravissant les nombreux escaliers de la ville, notamment l’escalier Denis Papin, mais aussi d’autres plus discrets, moins colorés. « À Blois, on les appelle des “degrés”. Attendez-vous alors à monter des marches quand ce terme est employé », explique Barbara Lafon, guide-conférencière et médiatrice du patrimoine qui arpente depuis plusieurs années les ruelles de la ville.

D’un côté le château Renaissance, de l’autre la cathédrale, classée monument historique depuis 1906. Et le quartier du Puits-Châtel, en dessous, est un peu le repère caché des Blésois : « Même en été, on n’y trouve pas beaucoup de touristes », sourit Barbara Lafon. Dans son enchevêtrement de ruelles se nichent des hôtels particuliers des XVe et XVIe siècles, aux portes d’entrée ornées de bas-reliefs : l’hôtel Sardini, l’hôtel de Vareille (également nommé hôtel de Lavallière), l’hôtel de Rochefort (aussi connu sous le nom de Jacques de Moulins) ou encore celui de Villebresme (ou Maison Denis Papin).

Le Blois historique laisse place à une facette plus contemporaine lorsqu’on se dirige vers la Fondation du doute. Ce musée abrite une surprenante collection consacrée à Fluxus, un mouvement artistique créé à New York dans les années 1960 et dont l’artiste Ben fut le chef de file en France. « C’est un peu la surprise de la destination, une collection dont la richesse est inespérée et quasiment inégalée », détaille Gilles Rion, son nouveau directeur, nommé en 2024. La fondation est, par ailleurs, un lieu hybride doublé d’une école d’art et de musique. Dans la cour du Doute, où l’on peut lire les treize tableaux de

Ben sur son Mur des mots, résonne le jeu des enfants. Dans la cour intérieure, un nouvel espace accueille désormais des expositions temporaires, une programmation annuelle que le nouveau directeur a entrepris d’« intensifier » dès son arrivée (tout comme les horaires d’ouverture, pour un lieu qui est désormais accessible toute l’année).

Si la ville de Blois sommeille en hiver, elle se réveille dès le printemps. Tout comme ses jardins de l’Évêché, du XVIIe siècle, tout en terrasses, qui dégringolent vers la Loire. Et offrent un point de vue saisissant sur le fleuve royal et sur les toits.